18 – Le livre de Job – Dieu plus fort que Satan

Le livre de Job parle du Juste dont la foi est mise à l'épreuve par Satan, il supporte toutes les malédictions envoyées par le démon sans jamais se plaindre et sans jamais renier Dieu qui lui rendra en double tout ce qu'il a perdu.

Job 19

19.1 – Job prit la parole et dit:

19.2 – Jusques à quand affligerez-vous mon âme, Et m’écraserez-vous de vos discours?

19.3 – Voilà dix fois que vous m’outragez; N’avez-vous pas honte de m’étourdir ainsi?

19.4 – Si réellement j’ai péché, Seul j’en suis responsable.

19.5 – Pensez-vous me traiter avec hauteur? Pensez-vous démontrer que je suis coupable?

19.6 – Sachez alors que c’est Dieu qui me poursuit, Et qui m’enveloppe de son filet.

19.7 – Voici, je crie à la violence, et nul ne répond; J’implore justice, et point de justice!

19.8 – Il m’a fermé toute issue, et je ne puis passer; Il a répandu des ténèbres sur mes sentiers.

19.9 – Il m’a dépouillé de ma gloire, Il a enlevé la couronne de ma tête.

19.10 – Il m’a brisé de toutes parts, et je m’en vais; Il a arraché mon espérance comme un arbre.

19.11 – Il s’est enflammé de colère contre moi, Il m’a traité comme l’un de ses ennemis.

19.12 – Ses troupes se sont de concert mises en marche, Elles se sont frayé leur chemin jusqu’à moi, Elles ont campées autour de ma tente.

19.13 – Il a éloigné de moi mes frères, Et mes amis se sont détournés de moi;

19.14 – Je suis abandonné de mes proches, Je suis oublié de mes intimes.

19.15 – Je suis un étranger pour mes serviteurs et mes servantes, Je ne suis plus à leurs yeux qu’un inconnu.

19.16 – J’appelle mon serviteur, et il ne répond pas; Je le supplie de ma bouche, et c’est en vain.

19.17 – Mon humeur est à charge à ma femme, Et ma plainte aux fils de mes entrailles.

19.18 – Je suis méprisé même par des enfants; Si je me lève, je reçois leurs insultes.

19.19 – Ceux que j’avais pour confidents m’ont en horreur, Ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.

19.20 – Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair; Il ne me reste que la peau des dents.

19.21 – Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous, mes amis! Car la main de Dieu m’a frappé.

19.22 – Pourquoi me poursuivre comme Dieu me poursuit? Pourquoi vous montrer insatiables de ma chair?

19.23 – Oh! je voudrais que mes paroles fussent écrites, Qu’elles fussent écrites dans un livre;

19.24 – Je voudrais qu’avec un burin de fer et avec du plomb Elles fussent pour toujours gravées dans le roc…

19.25 – Mais je sais que mon Rédempteur est vivant, Et qu’il se lèvera le dernier sur la terre.

19.26 – Quand ma peau sera détruite, il se lèvera; Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu.

19.27 – Je le verrai, et il me sera favorable; Mes yeux le verront, et non ceux d’un autre; Mon âme languit d’attente au dedans de moi.

19.28 – Vous direz alors: Pourquoi le poursuivions-nous? Car la justice de ma cause sera reconnue.

19.29 – Craignez pour vous le glaive: Les châtiments par le glaive sont terribles! Et sachez qu’il y a un jugement.


Job 20

20.1 – Tsophar de Naama prit la parole et dit:

20.2 – Mes pensées me forcent à répondre, Et mon agitation ne peut se contenir.

20.3 – J’ai entendu des reproches qui m’outragent; Le souffle de mon intelligence donnera la réplique.

20.4 – Ne sais-tu pas que, de tout temps, Depuis que l’homme a été placé sur la terre,

20.5 – Le triomphe des méchants a été court, Et la joie de l’impie momentanée?

20.6 – Quand il s’élèverait jusqu’aux cieux, Et que sa tête toucherait aux nues,

20.7 – Il périra pour toujours comme son ordure, Et ceux qui le voyaient diront: Où est-il?

20.8 – Il s’envolera comme un songe, et on ne le trouvera plus; Il disparaîtra comme une vision nocturne;

20.9 – L’oeil qui le regardait ne le regardera plus, Le lieu qu’il habitait ne l’apercevra plus.

20.10 – Ses fils seront assaillis par les pauvres, Et ses mains restitueront ce qu’il a pris par violence.

20.11 – La vigueur de la jeunesse, qui remplissait ses membres, Aura sa couche avec lui dans la poussière.

20.12 – Le mal était doux à sa bouche, Il le cachait sous sa langue,

20.13 – Il le savourait sans l’abandonner, Il le retenait au milieu de son palais;

20.14 – Mais sa nourriture se transformera dans ses entrailles, Elle deviendra dans son corps un venin d’aspic.

20.15 – Il a englouti des richesses, il les vomira; Dieu les chassera de son ventre.

20.16 – Il a sucé du venin d’aspic, La langue de la vipère le tuera.

20.17 – Il ne reposera plus ses regards sur les ruisseaux, Sur les torrents, sur les fleuves de miel et de lait.

20.18 – Il rendra ce qu’il a gagné, et n’en profitera plus; Il restituera tout ce qu’il a pris, et n’en jouira plus.

20.19 – Car il a opprimé, délaissé les pauvres, Il a ruiné des maisons et ne les a pas rétablies.

20.20 – Son avidité n’a point connu de bornes; Mais il ne sauvera pas ce qu’il avait de plus cher.

20.21 – Rien n’échappait à sa voracité; Mais son bien-être ne durera pas.

20.22 – Au milieu de l’abondance il sera dans la détresse; La main de tous les misérables se lèvera sur lui.

20.23 – Et voici, pour lui remplir le ventre, Dieu enverra sur lui le feu de sa colère, Et le rassasiera par une pluie de traits.

20.24 – S’il échappe aux armes de fer, L’arc d’airain le transpercera.

20.25 – Il arrache de son corps le trait, Qui étincelle au sortir de ses entrailles, Et il est en proie aux terreurs de la mort.

20.26 – Toutes les calamités sont réservées à ses trésors; Il sera consumé par un feu que n’allumera point l’homme, Et ce qui restera dans sa tente en deviendra la pâture.

20.27 – Les cieux dévoileront son iniquité, Et la terre s’élèvera contre lui.

20.28 – Les revenus de sa maison seront emportés, Ils disparaîtront au jour de la colère de Dieu.

20.29 – Telle est la part que Dieu réserve au méchant, Tel est l’héritage que Dieu lui destine.


Job 21

21.1 – Job prit la parole et dit:

21.2 – Écoutez, écoutez mes paroles, Donnez-moi seulement cette consolation.

21.3 – Laissez-moi parler, je vous prie; Et, quand j’aurai parlé, tu pourras te moquer.

21.4 – Est-ce contre un homme que se dirige ma plainte? Et pourquoi mon âme ne serait-elle pas impatiente?

21.5 – Regardez-moi, soyez étonnés, Et mettez la main sur la bouche.

21.6 – Quand j’y pense, cela m’épouvante, Et un tremblement saisit mon corps.

21.7 – Pourquoi les méchants vivent-ils? Pourquoi les voit-on vieillir et accroître leur force?

21.8 – Leur postérité s’affermit avec eux et en leur présence, Leurs rejetons prospèrent sous leurs yeux.

21.9 – Dans leurs maisons règne la paix, sans mélange de crainte; La verge de Dieu ne vient pas les frapper.

21.10 – Leurs taureaux sont vigoureux et féconds, Leurs génisses conçoivent et n’avortent point.

21.11 – Ils laissent courir leurs enfants comme des brebis, Et les enfants prennent leurs ébats.

21.12 – Ils chantent au son du tambourin et de la harpe, Ils se réjouissent au son du chalumeau.

21.13 – Ils passent leurs jours dans le bonheur, Et ils descendent en un instant au séjour des morts.

21.14 – Ils disaient pourtant à Dieu: Retire-toi de nous; Nous ne voulons pas connaître tes voies.

21.15 – Qu’est-ce que le Tout Puissant, pour que nous le servions? Que gagnerions-nous à lui adresser nos prières?

21.16 – Quoi donc! ne sont-ils pas en possession du bonheur? -Loin de moi le conseil des méchants!

21.17 – Mais arrive-t-il souvent que leur lampe s’éteigne, Que la misère fonde sur eux, Que Dieu leur distribue leur part dans sa colère,

21.18 – Qu’ils soient comme la paille emportée par le vent, Comme la balle enlevée par le tourbillon?

21.19 – Est-ce pour les fils que Dieu réserve le châtiment du père? Mais c’est lui que Dieu devrait punir, pour qu’il le sente;

21.20 – C’est lui qui devrait contempler sa propre ruine, C’est lui qui devrait boire la colère du Tout Puissant.

21.21 – Car, que lui importe sa maison après lui, Quand le nombre de ses mois est achevé?

21.22 – Est-ce à Dieu qu’on donnera de la science, A lui qui gouverne les esprits célestes?

21.23 – L’un meurt au sein du bien-être, De la paix et du bonheur,

21.24 – Les flancs chargés de graisse Et la moelle des os remplie de sève;

21.25 – L’autre meurt, l’amertume dans l’âme, Sans avoir joui d’aucun bien.

21.26 – Et tous deux se couchent dans la poussière, Tous deux deviennent la pâture des vers.

21.27 – Je sais bien quelles sont vos pensées, Quels jugements iniques vous portez sur moi.

21.28 – Vous dites: Où est la maison de l’homme puissant? Où est la tente qu’habitaient les impies?

21.29 – Mais quoi! n’avez-vous point interrogé les voyageurs, Et voulez-vous méconnaître ce qu’ils prouvent?

21.30 – Au jour du malheur, le méchant est épargné; Au jour de la colère, il échappe.

21.31 – Qui lui reproche en face sa conduite? Qui lui rend ce qu’il a fait?

21.32 – Il est porté dans un sépulcre, Et il veille encore sur sa tombe.

21.33 – Les mottes de la vallée lui sont légères; Et tous après lui suivront la même voie, Comme une multitude l’a déjà suivie.

21.34 – Pourquoi donc m’offrir de vaines consolations? Ce qui reste de vos réponses n’est que perfidie.


Job 22

22.1 – Éliphaz de Théman prit la parole et dit:

22.2 – Un homme peut-il être utile à Dieu? Non; le sage n’est utile qu’à lui-même.

22.3 – Si tu es juste, est-ce à l’avantage du Tout Puissant? Si tu es intègre dans tes voies, qu’y gagne-t-il?

22.4 – Est-ce par crainte de toi qu’il te châtie, Qu’il entre en jugement avec toi?

22.5 – Ta méchanceté n’est-elle pas grande? Tes iniquités ne sont-elles pas infinies?

22.6 – Tu enlevais sans motif des gages à tes frères, Tu privais de leurs vêtements ceux qui étaient nus;

22.7 – Tu ne donnais point d’eau à l’homme altéré, Tu refusais du pain à l’homme affamé.

22.8 – Le pays était au plus fort, Et le puissant s’y établissait.

22.9 – Tu renvoyais les veuves à vide; Les bras des orphelins étaient brisés.

22.10 – C’est pour cela que tu es entouré de pièges, Et que la terreur t’a saisi tout à coup.

22.11 – Ne vois-tu donc pas ces ténèbres, Ces eaux débordées qui t’envahissent?

22.12 – Dieu n’est-il pas en haut dans les cieux? Regarde le sommet des étoiles, comme il est élevé!

22.13 – Et tu dis: Qu’est-ce que Dieu sait? Peut-il juger à travers l’obscurité?

22.14 – Les nuées l’enveloppent, et il ne voit rien; Il ne parcourt que la voûte des cieux.

22.15 – Eh quoi! tu voudrais prendre l’ancienne route Qu’ont suivie les hommes d’iniquité?

22.16 – Ils ont été emportés avant le temps, Ils ont eu la durée d’un torrent qui s’écoule.

22.17 – Ils disaient à Dieu: Retire-toi de nous; Que peut faire pour nous le Tout Puissant?

22.18 – Dieu cependant avait rempli de biens leurs maisons. -Loin de moi le conseil des méchants!

22.19 – Les justes, témoins de leur chute, se réjouiront, Et l’innocent se moquera d’eux:

22.20 – Voilà nos adversaires anéantis! Voilà leurs richesses dévorées par le feu!

22.21 – Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix; Tu jouiras ainsi du bonheur.

22.22 – Reçois de sa bouche l’instruction, Et mets dans ton coeur ses paroles.

22.23 – Tu seras rétabli, si tu reviens au Tout Puissant, Si tu éloignes l’iniquité de ta tente.

22.24 – Jette l’or dans la poussière, L’or d’Ophir parmi les cailloux des torrents;

22.25 – Et le Tout Puissant sera ton or, Ton argent, ta richesse.

22.26 – Alors tu feras du Tout Puissant tes délices, Tu élèveras vers Dieu ta face;

22.27 – Tu le prieras, et il t’exaucera, Et tu accompliras tes voeux.

22.28 – A tes résolutions répondra le succès; Sur tes sentiers brillera la lumière.

22.29 – Vienne l’humiliation, tu prieras pour ton relèvement: Dieu secourt celui dont le regard est abattu.

22.30 – Il délivrera même le coupable, Qui devra son salut à la pureté de tes mains.


Job 23

23.1 – Job prit la parole et dit:

23.2 – Maintenant encore ma plainte est une révolte, Mais la souffrance étouffe mes soupirs.

23.3 – Oh! si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu’à son trône,

23.4 – Je plaiderais ma cause devant lui, Je remplirais ma bouche d’arguments,

23.5 – Je connaîtrais ce qu’il peut avoir à répondre, Je verrais ce qu’il peut avoir à me dire.

23.6 – Emploierait-il toute sa force à me combattre? Ne daignerait-il pas au moins m’écouter?

23.7 – Ce serait un homme droit qui plaiderait avec lui, Et je serais pour toujours absous par mon juge.

23.8 – Mais, si je vais à l’orient, il n’y est pas; Si je vais à l’occident, je ne le trouve pas;

23.9 – Est-il occupé au nord, je ne puis le voir; Se cache-t-il au midi, je ne puis le découvrir.

23.10 – Il sait néanmoins quelle voie j’ai suivie; Et, s’il m’éprouvait, je sortirais pur comme l’or.

23.11 – Mon pied s’est attaché à ses pas; J’ai gardé sa voie, et je ne m’en suis point détourné.

23.12 – Je n’ai pas abandonné les commandements de ses lèvres; J’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.

23.13 – Mais sa résolution est arrêtée; qui s’y opposera? Ce que son âme désire, il l’exécute.

23.14 – Il accomplira donc ses desseins à mon égard, Et il en concevra bien d’autres encore.

23.15 – Voilà pourquoi sa présence m’épouvante; Quand j’y pense, j’ai peur de lui.

23.16 – Dieu a brisé mon courage, Le Tout Puissant m’a rempli d’effroi.

23.17 – Car ce ne sont pas les ténèbres qui m’anéantissent, Ce n’est pas l’obscurité dont je suis couvert.


Job 24

24.1 – Pourquoi le Tout Puissant ne met-il pas des temps en réserve, Et pourquoi ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours?

24.2 – On déplace les bornes, On vole des troupeaux, et on les fait paître;

24.3 – On enlève l’âne de l’orphelin, On prend pour gage le boeuf de la veuve;

24.4 – On repousse du chemin les indigents, On force tous les malheureux du pays à se cacher.

24.5 – Et voici, comme les ânes sauvages du désert, Ils sortent le matin pour chercher de la nourriture, Ils n’ont que le désert pour trouver le pain de leurs enfants;

24.6 – Ils coupent le fourrage qui reste dans les champs, Ils grappillent dans la vigne de l’impie;

24.7 – Ils passent la nuit dans la nudité, sans vêtement, Sans couverture contre le froid;

24.8 – Ils sont percés par la pluie des montagnes, Et ils embrassent les rochers comme unique refuge.

24.9 – On arrache l’orphelin à la mamelle, On prend des gages sur le pauvre.

24.10 – Ils vont tout nus, sans vêtement, Ils sont affamés, et ils portent les gerbes;

24.11 – Dans les enclos de l’impie ils font de l’huile, Ils foulent le pressoir, et ils ont soif;

24.12 – Dans les villes s’exhalent les soupirs des mourants, L’âme des blessés jette des cris… Et Dieu ne prend pas garde à ces infamies!

24.13 – D’autres sont ennemis de la lumière, Ils n’en connaissent pas les voies, Ils n’en pratiquent pas les sentiers.

24.14 – L’assassin se lève au point du jour, Tue le pauvre et l’indigent, Et il dérobe pendant la nuit.

24.15 – L’oeil de l’adultère épie le crépuscule; Personne ne me verra, dit-il, Et il met un voile sur sa figure.

24.16 – La nuit ils forcent les maisons, Le jour ils se tiennent enfermés; Ils ne connaissent pas la lumière.

24.17 – Pour eux, le matin c’est l’ombre de la mort, Ils en éprouvent toutes les terreurs.

24.18 – Eh quoi! l’impie est d’un poids léger sur la face des eaux, Il n’a sur la terre qu’une part maudite, Il ne prend jamais le chemin des vignes!

24.19 – Comme la sécheresse et la chaleur absorbent les eaux de la neige, Ainsi le séjour des morts engloutit ceux qui pèchent!

24.20 – Quoi! le sein maternel l’oublie, Les vers en font leurs délices, On ne se souvient plus de lui! L’impie est brisé comme un arbre,

24.21 – Lui qui dépouille la femme stérile et sans enfants, Lui qui ne répand aucun bienfait sur la veuve!…

24.22 – Non! Dieu par sa force prolonge les jours des violents, Et les voilà debout quand ils désespéraient de la vie;

24.23 – Il leur donne de la sécurité et de la confiance, Il a les regards sur leurs voies.

24.24 – Ils se sont élevés; et en un instant ils ne sont plus, Ils tombent, ils meurent comme tous les hommes, Ils sont coupés comme la tête des épis.

24.25 – S’il n’en est pas ainsi, qui me démentira, Qui réduira mes paroles à néant?