Les pratiques de la flagellation attachée à la religion prennent leur origine chez les nations païennes et furent adoptées ensuite par l’Église chrétienne pour faire partie de son système de pénitence.
Pratiquée d’abord par des ermites, qui menaient une vie de solitude et de mortification, la flagellation s’étendit dans l’Eglise et eut une emprise profonde sur l’esprit du peuple, jusqu’à atteindre son point culminant vers le milieu du XIIIe siècle, amenant la constitution de confraternités pour la pratique régulière et publique de la flagellation.
La secte des adeptes de la flagellation
Cette secte d’adeptes de la flagellation fit sa première apparition en Italie en 1210, à cette époque, le pays était ravagé de crimes de toutes sortes, les habitants de Pérouse furent saisis d’une superstition subite et d’une telle crainte de Dieu, que tous: riches et pauvres, femmes hommes et enfants se promenaient tout nus dans les rues deux par deux comme dans une procession solennelle.
Chacun d’eux tenait à la main des lanières de cuir et avec pleurs et gémissements ils se flagellaient mutuellement le dos jusqu’à faire couler le sang en pleurant tout le temps comme s’ils avaient été eux-mêmes spectateurs de la passion de Jésus Christ, ils imploraient le pardon de Dieu et de sa Mère.
Jour et nuit des centaines de pénitents couraient dehors dans les rues malgré le froid de l’hiver et se rendaient dans les églises des cierges allumés à la main, précédés de prêtres qui portaient des croix et des bannières et se prosternaient devant les autels. Les mêmes scènes se répétaient dans les villes et dans les villages, de sorte que les montagnes et les plaines semblaient partout résonner de voix qui imploraient Dieu.
La seule musique qui retentissait dans les villes comme dans les campagnes était celle des crix sinistres des pénitents. On ouvrit les geôles et les prisonniers furent mis en liberté, on permit aux gens exilés de rentrer chez eux. Il semblait que l’humanité entière avait été saisie subitement d’une peur universelle et paraissait redouter un cataclysme final.
Un tel repentir général et subit qui s’était étendu sur toute l’Italie, et avait même gagné d’autres pays, ne provoquait pas seulement l’admiration des illettrés, mais aussi celle des savants. Ces derniers se demandaient d’où pouvait provenir une aussi ardente ferveur, une aussi profonde piété, d’autant plus que les pénitences publiques et les cérémonies de ce genre étaient presque inconnues dans les temps anciens, et n’avaient été ni approuvées ni recommandées par l’église.
Elles avaient pris leur origine chez des gens simples dont l’exemple avait été suivi plus tard par les savants et les lettrés. On a prétendu que l’initiateur des processions solennelles des flagellants avait été saint Antoine. La secte fut réorganisée en Italie en 1260 par Rainer, un ermite de Pérouse qui trouva rapidement des adhérents un peu partout en Italie.
Le nombre d’adeptes de la flagellation atteignit rapidement des dizaines de milliers qui se promenèrent partout, conduits par des prêtres portant des bannières et des croix.
En 1621, ils traversèrent les Alpes pour se répandre en Allemagne, Alsace, en Bavière, en Bohême et en Pologne où ils trouvèrent beaucoup d’admirateurs pour se joindre à eux.
Malgré l’opposition des différents gouvernements, les flagellants se propagèrent à travers l’Europe,