A l’origine, mettre la main devant la bouche quand on bâille n’était pas une marque de politesse mais une protection contre les forces du mal
C’était par peur que le diable n’entre par la bouche.
En Europe, les gens faisaient parfois un signe de croix quand ils bâillaient : “les femmes espagnoles, lorsqu’elles bâillent, ne manquent pas de se signer quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que le diable n’y entre” (Dictionnaire infernal, Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, 1818).
Dans les pays musulmans, le bâillement était aussi interprété comme un signe du diable. Certains disciples de Mahomet lui ont attribué cette opinion. Ainsi, d’après Abu Huraira, le Prophète a dit : “Le bâillement est provoqué par Satan. Quand l’un d’entre vous commence à bâiller qu’il s’efforce de l’étouffer. Si l’un d’entre vous dit : haa ! Satan en rit”.
En Inde, on pensait que les mauvais esprits pouvaient entrer par la bouche, et il était recommandé de prononcer le nom d’un dieu, ce qui effrayait le mauvais esprit : “après avoir éternué, un Indien ne manque jamais de s’écrier , Rama ! Rama ! Nul doute que cette exclamation pieuse se rattache à quelque préjugé superstitieux. C’est aussi pour écarter les démons et les géants, qu’un brahme qui bâille fait claquer ses doigts à droite et à gauche” (Moeurs, institutions et cérémonies des peuples de l’Inde, Jean Antoine Dubois, 1825).