L’Église mormone fascine toujours deux siècles après sa création
L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a été fondée en 1830 dans l’État de New York par Joseph Smith, son prophète autoproclamé.
Elle est considérée par ses membres comme une religion révélée. Joseph Smith affirme tenir d’un ange nommé Moroni l’emplacement de plaques d’or gravées en « égyptien réformé ». Ces plaques, qu’il est chargé de traduire à l’aide de deux pierres magiques, constituent un « troisième testament » : le Livre de Mormon.
Le texte relate l’exode de tribus d’Israël en Amérique et légitime ainsi le projet de Smith : fonder la Jérusalem du Nouveau monde.
Les premières années de l’Église des mormons sont marquées par de violentes tensions entre les communautés mormones et les habitants des États où ils s’implantent. Dangereux fanatiques pour certains, victimes du sectarisme des populations locales pour d’autres, les mormons sont chassés de l’Ohio au Missouri, puis du Missouri à l’Illinois où en 1839 ils fondent Nauvoo, destinée à devenir leur ville sainte. Ils y bâtissent un temple, « sur le sommet d’une colline, d’où l’œil plane dans toutes les directions sur un panorama d’une étendue de plus de 25 milles ».
En 1844, après plusieurs arrestations et évasions, Joseph Smith et son frère sont assassinés par la foule dans la ville de Carthage, en Illinois. Leurs adversaires résolus de les chasser de l’État marchent contre eux le fer à la main et brûlent partout leurs demeures et leurs propriétés, les femmes et les enfants ne sont pas épargnés.
En 1845, bien décidés cette fois à se retirer du monde, les pionniers mormons entreprennent leur exode final, qui les conduira à plus de 2000 km jusqu’aux montagnes Rocheuses, qui constituent alors la limite occidentale des États-Unis.
Le périlleux voyage des mormons
Cette dernière émigration commença dans le cours de l’année 1845. On évalue à plus de cinquante mille le nombre d’hommes, femmes, enfants, vieillards, qui se lancèrent à l’aventure avec leurs troupeaux dans les solitudes des Prairies.
Ce voyage fut accompagnée de malheurs épouvantables. N’ayant que leurs troupeaux pour vivre, ils furent d’abord obligés de se disperser pour trouver des pâturages ; attaqués par les Indiens, décimés par les maladies, ils jonchèrent la route de leurs morts. Quelques colonnes, surprises par les neiges au milieu de déserts où il était impossible de trouver des ressources alimentaires, disparurent complètement au milieu de souffrances inouïes.
En 1849, à la surprise générale, ceux qu’on croyait décimés par la famine et la maladie font parvenir une épître des bords du Grand Lac Salé où ils se sont établis. Ils y invitent « les Saints répandus sur toute la terre » à venir les rejoindre.
Deux mois plus tard, le correspondant de la Tribune de New York découvre la toute nouvelle ville de Salt Lake City et décrit cette nouvelle Terre promise comme un véritable paradis.
Les mormons paraissent, quant à leur religion, pleins de dévouement, de charité, de franchise ; en politique, ils se montrent hardis, entreprenants, résolus ; dans le cercle de la famille, ils sont doux, affectueux, heureux, et dans l’industrie, pour l’adresse et l’intelligence je ne leur connais que peu de rivaux, et je ne leur connais pas un maître.
Entre 1847 et 1869, date d’achèvement du chemin de fer transcontinental, 86 000 pionniers se rendront, à pied ou en chariot, dans la vallée du Grand Lac Salé.