Les rouleaux de prières magiques Ethiopiens

Les rouleaux de prières magiques Ethiopiens

Les rouleaux magiques éthiopiens

Difficiles à dater, peu de rouleaux conservés dans les musées sont antérieurs aux XVII-XVIIIè siècles, ce qui ne permet pas de déterminer avec certitude à quand remonte cet usage.  Les rouleaux font partie d’une pratique talismanique éthiopienne qui remonte au moins au XVIe siècle d’après les manuscrits retrouvés, mais qui est sans doute plus ancienne encore.

La tradition des rouleaux est mal connue, elle  est souvent pratiquée en secret : ceux qui possèdent le savoir des rouleaux, talismans et autres, des guérisseurs en marge de l’église appelés dabtara, préfèrent ne pas être identifiés et font l’objet de crainte de la part de la population.

L’Éthiopie chrétienne manifeste une certaine méfiance vis-à-vis des talismans, perçus comme un genre de commerce avec les démons, d’autant plus répréhensible que des éléments de la religion chrétienne sont intégrés par les dabtara dans leur pratique.

Les dabtara possèdent leur propre savoir un ensemble de connaissances liées aux talismans qui ne se transmet qu’entre dabtara.

Des prières magiques contre la peur et les démons

Les rouleaux sont à usage unique et personnel. Ils étaient fabriqués sur demande pour soigner un mal spécifique, ou assurer la protection du destinataire. Les textes identifiés sur les rouleaux contiennent des prières et un récit légendaire.

Pour lutter contre la peur, le patient se trouve équipé de prières destinées à donner du courage face à un avenir inconnu et redoutable. Ce sont celles données par Dieu à Adam lorsque ce dernier fut chassé du paradis, à Noé lorsque baissèrent les eaux du déluge et à Moïse lorsque vint Pharaon le roi d’Égypte.

Dans les prières et formules magiques pour lutter contre le mauvais sort, on trouvent des passages des Évangiles. Par exemple,  une prière contre les démons fait intervenir Jean I, 1-6:

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

Les rouleaux sont à usage privé et leur protection est à mi-chemin entre amulette magique et icône religieuse, plusieurs incantations visent à vaincre la peur, les formules servent à éloigner les esprits maléfiques .

La puissance magique du contenu d’un rouleau réside dans les « noms secrets » qu’il contient, ceux du destinataire qu’il a reçu à la naissance et qui ne sont employés que dans des circonstances spécifiques.

Ces noms ne sont jamais divulgués car connaître le nom véritable de quelqu’un confère un pouvoir sur cette personne. La production du rouleau et son utilisation sont aussi liés à un cérémonial où peuvent être prononcés les noms cachés de dieu.

Le propriétaire du rouleau saura rarement lire ce qui y est écrit, ce qui ajoute à la dimension mystique de l’objet : la croyance veut que ce soit les esprits et les démons qui déchiffrent le texte du rouleau.

Les prières sont souvent issues de livres du dogme chrétien, en témoigne la formule liminaire « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » suivies de prières chrétiennes évoquant la protection divine.

Signification des images des rouleaux de prières magiques

Les illustrations des rouleaux sont directement empruntés à la religion chrétienne,ainsi on trouve une croix, peinte stratégiquement au milieu du rouleau, les visages sont ceux  du Christ ou d’anges protecteurs, représentés de face ou de trois quart, mais les yeux, eux, sont toujours de face. Les proportions sont caractéristiques : les têtes importantes et les bouches minuscules.

Ces images agissent par fascination, c’est-à-dire qu’elles hypnotisent leur destinataire. Les motifs géométriques  attirent le regard du propriétaire du manuscrit et le mettent en une sorte de transe. La première image du rouleau pourra souvent représenter un ange protecteur.

Comme le regard est excessivement important, les dabtara ajoutent régulièrement des yeux dans des motifs tirés de l’art ornemental ou religieux.

Rien n’est laissé au hasard. Les couleurs sont choisies avec soin, selon la symbolique chrétienne : le noir se réfère à Satan et à la malédiction, le rouge à la Trinité, au sang du Christ et à la flamme.

 

 

Les rouleaux de prières magiques sont à usage unique et personnel. Ils étaient fabriqués sur demande pour soigner un mal spécifique, lutter contre la peur et les demons, assurer la protection du destinataire. Les textes écrits sur les rouleaux contiennent des prières et un récit légendaire.
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