Au château d’Angers, en France, est accroché l’un des plus anciens vestiges au monde de l’art tissé médiéval : la tapisserie de l’Apocalypse.
La tapisserie de l’Apocalypse est une des plus grandes tapisseries médiévales existantes.
Commandé en 1373 par Louis Ier d’Anjou, ce chef-d’œuvre époustouflant est la plus longue tenture murale jamais tissée en Europe avec une longueur de 140 m et une superficie de 850 mètres carrés.
Les travaux ont été achevés en seulement sept ans. Le concept de l’Apocalypse était très à la mode en Europe au Moyen Âge et pratiquement incontournable, la peste noire ayant récemment terrorisé la vie de tant de personnes.
À une époque où la santé de base était si menacée, la mort et l’agonie sont devenues encore plus normales dans la vie quotidienne. Les motifs religieux enracinés dans la bataille entre le Ciel et l’Enfer sont devenus encore plus prédominants et ont donné de l’espoir à ceux qui attendaient la fin d’une période de mort et de souffrance incessantes.
Il y avait à l’origine 90 panneaux dans la tapisserie (71 d’entre eux ont survécu) et chacun raconte sa partie de l’histoire de l’Apocalypse (extraite du Livre de l’Apocalypse de Saint Jean). Le conte est divisé en six parties, commençant par la renaissance du Christ et son triomphe sur l’Apocalypse. Dans son ensemble, l’œuvre est un formidable témoignage de l’influence de la religion, de la guerre et de la mort au Moyen Âge.
Des dragons à sept têtes rencontrent les lances de l’archange Saint Michel, tandis qu’une figure de la mort défile à cheval. Une scène mémorable montre des démons assaillis par les puissances célestes des colombes et des anges.
Le dessin de la Tapisserie de l’Apocalypse a été créé par Hennequin de Bruges, un peintre flamand de l’école de Bruges.
De Bruges était un incontournable de la cour royale en France et employé par le roi pour créer des œuvres d’art susceptibles de démontrer la puissante présence de la France dans le monde médiéval.
Des siècles plus tard, les panneaux de la tapisserie de l’Apocalypse conservent encore leur riche imagerie et leur coloration.
Le pouvoir du Bien et du Ciel triomphe massivement dans les images mais des scènes de mort et de perte se cachent néanmoins en arrière-plan.
On ne sait pas comment Louis a utilisé la tapisserie, elle était probablement destiné à être exposé à l’extérieur, soutenu par six structures en bois, éventuellement disposées de manière à positionner le spectateur près du centre de l’exposition, imitant un champ de joute.
Durant la Révolution française, la Tapisserie de l’Apocalypse fut pillée et découpée en morceaux et utilisés comme tapis de sol, pour protéger les orangers locaux du gel, pour colmater les trous dans les bâtiments et pour isoler les écuries.
Pendant la Révolution, de nombreuses tapisseries médiévales furent détruites, soit par négligence, soit par fusion pour récupérer l’or et l’argent utilisés dans leurs créations. Cela ne s’appliquait pas dans ce cas, car les tapisseries étaient uniquement en laine.
Les fragments survivants ont été redécouverts en 1848 et conservés, d’abord conservés dans la cathédrale d’Angers, puis transférés au château d’Angers voisin.