Le Sacré-Cœur est la révélation de l’amour de Dieu pour l’humanité.
Cette expression riche de sens, qui renvoie au cœur de Jésus Christ désigne la Personne du Fils de Dieu fait homme : c’est dire que dans le cœur humain de Jésus, brûle l’amour infini de Dieu pour les hommes.
Ainsi, le Cœur du Christ est l’épiphanie de l’amour de Dieu. Par son Incarnation dans laquelle se profile déjà la Croix, Jésus manifeste l’amour du Père à travers sa vie d’homme.
« Par son Incarnation, le Fils de Dieu lui-même, s’est en quelque sorte uni à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme.
Né de la Sainte Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché. »
(Concile Vatican II, Gaudium et Spes n° 22)
« Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. » (Jérémie 31, 32-33)
L’expression « cœur » est aussi employée par Saint Paul pour exprimer la profondeur insondable du mystère du Christ, parce que son humanité, qui est celle du Fils de Dieu, portée à sa perfection, nous communique les richesses de sa divinité.
La spiritualité du Cœur du Christ est très ancienne… Elle plonge ses racines dans l’Evangile lui-même, qui nous parle du Cœur de Jésus, ouvert sur la Croix par la lance d’un soldat, et d’où ont coulé l’eau et le sang, les « fleuves d’eau vive » :
« C’était après la mort de Jésus. Des soldats allèrent briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. » (Jean 19, 32-34)
« Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! » Comme dit l’Écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. » (Jean 7, 37-38)
Les Pères des premiers siècles, tant en Orient qu’en Occident, ont vu l’Eglise entière jaillir de cette blessure du côté du Christ (l’eau étant le symbole de l’Esprit Saint et du Baptême, le sang, symbole de l’Eucharistie).
« Huit jours après Pâques, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit :
« La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
(Jean 20, 26-29)
Tout au long des siècles, l’Esprit-Saint a suscité dans l’Eglise des saints et des saintes qui ont approfondi et développé cette spiritualité du Sacré-Cœur : la plupart sont représentés dans la Basilique (statues, mosaïques et vitraux), tels que Sainte Gertrude, Saint Jean-Eudes, Sainte Marguerite-Marie, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, le Bienheureux Charles de Foucauld…
Le culte du Sacré-Cœur rappelle ainsi que l’Evangile et la religion chrétienne est une religion de l’amour, ouverte à tous les hommes :
« Je tâche de montrer … que notre religion est toute charité, toute fraternité, que son emblème est un Cœur… » (Lettre du Bienheureux Charles de Foucauld à l’Abbé Huvelin 15 juillet 1904)
« Le Sacré-Cœur… étendant ses bras pour embrasser, serrer, appeler tous les hommes et se donner pour tous, en leur offrant son cœur… » (Bienheureux Charles de Foucauld, description de la peinture du Sacré-Cœur de son ermitage de Béni-Abbès).
La spiritualité du Sacré-Cœur, en particulier avec l’Ecole française du XVIIe siècle (Bérulle, Saint Jean-Eudes…), vise à développer une vie de foi profonde, dans l’intériorité : demeurer dans le Cœur du Christ, et faire de notre cœur une demeure de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit :
« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. »
(Jean 14, 23)
« Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. »
(Jean 15, 4)
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. »
(Jean 15, 10)
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »
(Apocalypse 3, 20)
Prière au Sacré-Cœur de Jésus
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.» (Matthieu 11, 28-30)
« Ah ! Mon cher petit Frère, depuis qu’il m’a été donné de comprendre aussi l’amour du Cœur de Jésus, je vous avoue qu’il a chassé de mon cœur toute crainte. Le souvenir de mes fautes m’humilie, me porte à ne jamais m’appuyer sur ma force qui n’est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d’amour. »
(Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Lettre 127, à l’abbé Bellière)
Ce culte nous entraîne à conformer notre être et notre vie aux dimensions du Cœur du Christ, à coopérer à son œuvre de salut par la conversion intérieure, la prière, l’offrande de soi et l’expiation pour les pécheurs :
« Ayez entre vous les sentiments qui sont dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur » ,pour la gloire de Dieu le Père. »
(Philippiens 2, 5-11)
C’est le sens de la célèbre apparition du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial en 1673, qui met l’accent sur l’amour de ce Cœur pour les hommes et la nécessité d’y répondre pour réparer les refus qui lui sont opposés :
« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes et qui en est si peu aimé ».
Le 23 août 1856, le pape Pie IX, à la demande des évêques français, étend la fête du Sacré-Cœur à toute l’Église catholique.
Il l’inscrit ainsi au calendrier liturgique universel, et bénira le projet d’édification de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Le 11 juin 1899, le Pape Léon XIII consacre le genre humain au Sacré-Cœur de Jésus.
Ainsi, la dévotion au Sacré-Cœur devient populaire surtout au XIXe siècle. Les poètes Verlaine et Claudel le chantent. Sa représentation figurée, malgré ses déficiences artistiques, fait le tour du monde. Les chrétiens soucieux de justice sociale y trouvent même le principe de leur action.
En 1956, l’encyclique du pape Pie XII sur le Culte et la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, « Haurietis aquas in gaudio » (« Vous puiserez les eaux dans la joie aux sources du Sauveur » – cf. Is 12) met en lumière la théologie du Sacré-Cœur, symbole de l’amour divin.
En 1995, le Bienheureux Pape Jean-Paul II institue la Solennité du Sacré-Cœur comme Journée mondiale de prière pour la sanctification des prêtres.
« Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux… Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »
(Isaïe 40,10-11)
En août 2011, pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid, le Pape Benoît XVI a souhaité à son tour consacrer les jeunes du monde entier au Sacré-Cœur de Jésus.