Obsèques, ce que le coronavirus change pour les familles en deuil

À la douleur de la perte d’un proche s’ajoute aussi des procédures spécifiques liées à la contagiosité du Covid-19. La préparation et le déroulement des obsèques s’en trouvent profondément modifiés.

Obseques Deuil

Mise en bière, levée du corps, cérémonie funéraire et enterrement… À la douleur de la perte d'un proche s'ajoute aussi des procédures spécifiques liées à la contagiosité du Covid-19. La préparation et le déroulement des obsèques s'en trouvent profondément modifiés.

1) Mon proche était malade du Covid-19, pourquoi n'ai-je pas pu lui dire adieu?

Accompagner un proche ayant contracté le est actuellement impossible.

Tous les malades Covid-19 hospitalisés pour une forme sévère de l'infection sont à l'isolement. Ils ne peuvent recevoir de visite de leurs enfants, parents ou fratries puisqu'elles sont interdites. Si beaucoup d'entre eux reprendront le cours de leur existence dans quelques semaines, certains malades plus gravement atteints vont partir sans que leur famille puisse être présente pour les accompagner par un au-revoir.

2) Pourquoi n'ai-je pas pu voir mon proche défunt pour un dernier adieu?

Dans le cas d'un lié au Covid-19, des modalités spécifiques sont mises en place. Elles ont été établies par le Haut Conseil de la Santé.

Lors d'un décès lié à une contagieuse, la mise en bière est immédiate:

– Selon le lieu du décès, la procédure diffère:

À l'hôpital, la famille ne peut pas voir le corps du défunt une dernière fois. Le Covid-19 fait en effet partie de maladies infectieuses très contagieuses comme la tuberculose active, le SRAS ou la grippe aviaire, lesquelles impliquent des mesures sanitaires drastiques.

Le défunt ne reçoit pas de soins de corps (de conservation ou de thanatopraxie), pour éviter toute risque de contagion. Le personnel soignant dépose le corps du défunt dans une housse spéciale -composée d'un plastique étanche biodégradable- désinfectée et déposée dans le cercueil simple en bois.

Hors hôpital, ce sont les personnels des établissements funéraires qui prépareront le défunt et le transfert en chambre funéraire dans un cercueil fermé. La chambre funéraire est considérée comme « service public essentiel à la vie de la Nation » et à ce titre reste ouverte.

3) Combien de personnes puis-je convier?

Les rituels funéraires si importants pour les endeuillés se font dans la plus stricte intimité familiale, quelles que soient les causes du décès.

L'arrêté portant sur les diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus covid-19 promulgué le 15 mars 2020 précise que « les établissements de culte sont autorisés à rester ouverts ».

Mais la cérémonie religieuse se limite à 20 personnes et cela jusqu'au 15 avril 2020, quelle que soit la cause du décès.

Cultes et messes sont suspendus dans les églises chrétiennes. Par ailleurs, les prêtres de plus de 70 ans ne peuvent plus faire de célébrations – afin de les préserver de toute contamination. Il en est de même pour les proches du défunt.

Au diocèse de Paris, on indique que « les personnes âgées de 70 ans et plus ne pouvant plus jusqu'à nouvel ordre participer à ces cérémonies par précaution pour leur propre santé, seront donc invitées à ne pas s'y rendre ». Et de poursuivre que « le curé, en lien avec la famille, veillera à étudier les demandes particulières et à permettre dans certains cas (conjoint, parents proches par exemple) des places « isolées » les mettant plus à l'abri. »

Dans ce moment d'affliction, toute cérémonie eucharistique est désormais impossible.

Seule une prière de bénédiction est autorisée, sans communion. Certains gestes sont aussi modifiés. Seul le célébrant peut utiliser le goupillon pour l'aspersion du cercueil avec l'eau bénite.

Autre déchirement pour les proches, ils doivent aussi respecter la distanciation sociale et se tenir éloignés les uns des autres. Ils ne peuvent plus pendant la célébration se toucher pour s'épauler et se soutenir dans la douleur. Il n'y a plus de registre de condoléances et les proches ne pourront pas toucher le cercueil.

Les rites juifs et musulmans sont aussi modifiés. Pour la communauté juive, la toilette ne se fait plus, le corps du défunt est enveloppé dans un sac déposé dans le cercueil avec le châle de prière. La prière des morts est donnée en présence de dix hommes comme le prévoit la Torah.

La communauté musulmane suspend le rituel de la toilette mortuaire et leprésident du CFCM conseille « de renoncer, dans la mesure du possible, au rapatriement du corps – dans le pays d'origine- notamment dans ce contexte de pandémie. »

– Les crémations se tiennent désormais à huis clos, depuis le 21 mars. Les familles ne sont plus autorisées à entrer dans la partie publique du funérarium.

– Les cimetières ouvrent uniquement pour les convois funéraires.

– Les inhumations dans les cimetières se font aussi dans la plus stricte intimité: dix personnes peuvent assister à la mise en terre, mais uniquement si la configuration du lieu permet de respecter les distances d'un mètre entre chaque personne.

Beaucoup de familles prévoient une autre cérémonie dans quelques mois.

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