La transcommunication instrumentale
Capacité que semblent avoir certaines personnes de communiquer avec les morts, au moyen d’outils techniques modernes : téléphone, téléviseur, magnétophone…
Le père François Brune est l’un des spécialistes de ce domaine de recherche.
Cet intérêt pour un sujet si rarement abordé par l’Eglise lui est venu très tôt, au séminaire des Carmes où il suivait des études de philosophie et de théologie. C’est donc dans cet univers religieux qu’il a commencé à se consacrer aux phénomènes paranormaux car il pense que la Science et la Foi peuvent se servir mutuellement.
Comment en êtes-vous venu à aborder ce phénomène de transcommunication ?
J’avais initialement eu des indications assez précises sur ce phénomène de voix enregistrées par magnétophone chez une Italienne, madame Alvisi. Puis, à l’occasion de conférences données en Allemagne sur les icônes ou sur la théologie, je profitais de mon voyage pour écumer les librairies. Passés les rayons sur les Ecritures saintes ou la théologie, je recherchais des livres sur les expériences de mort imminente ou ayant trait à l’écriture automatique. C’est ainsi que j’ai découvert Théorie et pratique de la transcommunication, l’ouvrage de référence écrit par Hildegard Schäfer.
Mais mon éditeur m’a encouragé à rencontrer des chercheurs et à ne pas me contenter uniquement de livres. Je me suis donc enhardi et j’ai téléphoné à Hildegard Schäfer. Très aimable, elle a pris rendez-vous pour moi avec des amis au Luxembourg. Je m’y suis rendu le 22 juin 1987 et j’y ai été reçu. Ces personnes avaient demandé l’autorisation préalable de me recevoir… à leurs correspondants réguliers dans l’au-delà et avaient heureusement obtenu le feu vert ! Ils leur avaient même demandé de ma donner une copie de l’enregistrement à venir parce que, affirmaient-ils, je ferai beaucoup pour faire connaître ce genre de phénomène. Ce qui, a posteriori, semble exact !
J’ai été conduit à un petit laboratoire rempli d’appareils, où nous avons reçu un message transmis par le haut-parleur radio. Nous avons, hélas, un peu trop tardé et, lorsque nous sommes arrivés, la communication avait déjà commencé. Je pouvais comprendre le texte immédiatement parce qu’il était assez clair : seuls un ou deux mots m’échappaient, mais j’ai pu les identifier lors de la réécoute de l’enregistrement. Il s’agissait d’un message du chercheur Constantin Raudive, l’un des pionniers de la transcommunication instrumentale.
Quel était le contenu du message ?
Ce message disait que nous avions tort de craindre la mort (il est vrai que ce qui précède la mort peut être fort pénible mais pas la mort elle-même. Au contraire, de l’autre côté, la vraie vie commence). Puis venait ensuite le message d’une entité étrange qui prétendait ne jamais avoir été incarnée, ni sur Terre ni dans un autre monde. Cette entité s’exprima tout d’abord en allemand, puis fit tout un discours en français, dont une citation de saint Paul sur le corps spirituel :
« De la même façon qu’il y a des corps de poissons, d’oiseaux, d’hommes, il y a aussi des corps célestes et des corps spirituels. »
Quelle émotion ressent-on face à ce genre de phénomène ?
Honnêtement, cela ne m’a fait aucun choc. Cela m’a même paru tout à fait normal, d’abord par conviction religieuse et ensuite parce que les témoignages de la vie des Saints sont remplis de phénomènes étranges.
Ces phénomènes se sont répétés bien des fois et ont été constatés par des milliers de témoins. La vie dans l’au-delà ne fait aucun doute pour moi depuis longtemps, et cela ne me choque pas qu’il puisse y avoir, de temps en temps, une communication entre l’au-delà et ce monde-ci. Ce qui est plutôt anormal, c’est que les communications soient aussi difficiles !
Quelles sont les techniques utilisées en transcommunication instrumentale?
On a le magnétophone, le haut-parleur radio, puis l’écran de télévision. Il semble que le premier à l’avoir utilisé soit Klaus Schreiber, à Aix-la-Chapelle. Il y a eu ensuite l’écran d’ordinateur, sur lequel apparaissent des images mais aussi des textes. Enfin, il y a le téléphone et même le fax. En ce qui concerne les communications de l’au-delà reçues par téléphone, je possède la copie d’un livre édifiant sur le sujet, paru au Brésil en 1925. Mais l’écho de cet ouvrage s’est assez vite atténué, et il est finalement tombé dans l’oubli.
La teneur des messages est-elle compatible avec la foi ?
À travers les médias électroniques, nous avons quelquefois des messages d’une grande valeur spirituelle, mais ils sont souvent très brefs. En revanche, les messages en écriture automatique peuvent remplir des volumes entiers, et on peut y trouver une très forte aide spirituelle pour sa foi. Même si ces messages n’utilisent pas toujours les termes de la théologie officielle, on y retrouve l’essentiel du message chrétien.
La communication avec les morts est-elle officiellement autorisée par l’Eglise ?
Pendant très longtemps l’Eglise ne s’est pas du tout occupée de cela car, traditionnellement, il y avait une extrême réticence sur le sujet, en grande partie manifestée par le clergé. Cette attitude était notamment fort développée chez les Protestants qui sont plus proches de l’Ancien Testament et dont les textes sont en effet très clairs :
« Tu n’invoqueras pas les morts, tu n’auras aucun contact avec ceux qui commettent ces abominations… »
Dans le Nouveau Testament, rien n’interdit la communication avec l’au-delà et il existe même deux textes, l’un de saint Paul et l’autre de saint Jean, qui évoquent la relation avec les esprits. Ces textes parlent plutôt de la nécessité de bien discerner entre les esprits pouvant nous nuire ou nous perturber et ceux qui peuvent nous aider. En réalité, si l’on est fidèle au Nouveau Testament, aux Evangiles et aux Epitres, il n’y a pas d’interdiction absolue. Le clergé a beau avoir manifesté une extrême hostilité envers la communication avec les morts, celle-ci était tolérée de fait…
Que peuvent réellement apporter ces communications avec l’au-delà ?
Je constate que tout s’effondre dans la théologie occidentale, qu’elle soit catholique ou protestante. Nos théologiens et nos exégètes ne croient plus à grand chose et certainement pas aux phénomènes surnaturels survenant dans ce monde-ci. Peu à peu, ils éliminent tous les miracles et considèrent qu’il n’y en a jamais eu, ni dans l’Ancien, ni dans le Nouveau Testament. Ceux qui sont rapportés dans les Evangiles ne seraient, d’après eux, que des symboles, des métaphores destinées à faire comprendre un message.
La foi s’effondre de l’intérieur, même si l’Eglise dispose encore de l’aide discrète des gouvernements qui espèrent maintenir ainsi l’un des derniers facteurs d’ordre moral. Dans les églises orthodoxes, heureusement, la foi chrétienne reste intacte.
Aussi, selon moi, la possibilité de communication avec l’au-delà, les expériences proches de la mort et même plus généralement les phénomènes paranormaux peuvent aider, soit à trouver la foi soit à la conserver. Sans cela, Dieu deviendrait une sorte de « dieu honoraire », qui aurait pris sa retraite et aurait abandonné sa Création.
Quelle est la place de Dieu dans tout ceci ?
On réduit peu à peu l’action de Dieu à ce qui s’est passé avant le « Big Bang » et à ce qui se passera après le « Big Crunch » : c’est à peu près la seule place que les scientifiques laissent encore libre aux théologiens, de plus en plus cernés par la vision scientifique du monde.
Or les communications avec l’au-delà se multiplient et je pense que cela fait partie du plan de Dieu. L’Eglise étant en rapide perte de vitesse, Dieu passe par d’autres voies qui nous amènent irrémédiablement à un renouveau spirituel. Grâce à ce processus, nous allons pouvoir rétablir le contact. Dieu ne nous abandonnera pas.