Divination et magie
Quand le mot devin vient sur les lèvres, il s’accompagne toujours de l’épithète désobligeante : un charlatan.
Aujourd’hui, le langage courant confond les deux mots, et l’esprit réunit les deux sortes de personnages dans une même déconsidération. Ce n’est pas tout à fait juste, au moins en ce qui concerne les anciens devins.
La divination fut une science très vaste, très compliquée, et les devins, des savants réputés, vénérés par les rois et les peuples.
Il est vrai qu’ils n’avaient rien de commun avec les augures de foires, ni même avec ces fameux augures de Rome dont un philosophe disait qu’il était surprenant que ces gens puissent se regarder sans rire.
Cette science divinatoire était un des éléments constitutifs de toutes les anciennes religions. Les autres étaient la prière et le sacrifice rituel.
Divination
La divination repose sur la croyance religieuse. Elle suppose la foi aux puissances supérieures qui règlent les événements. Elle implique, de plus, la possibilité pour l’homme d’entrer en relations avec ces puissances.
La révélation surnaturelle au sujet des faits passés et à venir, qu’il est impossible de découvrir par les procédés ordinaires de recherches et d’investigations, est l’essence même d’une religion quelle qu’elle soit, devins et prophètes sont les instruments de cette révélation.
Par la divination, l’homme s’adressait aux dieux, leur demandait assistance et conseil. Mais il restait libre d’utiliser ou de négliger les renseignements obtenus, sa volonté demeurait entière, son activité libre. A la différence de la prière, la divination n’appelait point le miracle, ne sollicitait aucunement l’intervention de la divinité.
C’était donc un acte essentiellement religieux. Elle s’appliquait à toutes les phases du temps, passé, présent, avenir. Science surnaturelle, puisqu’elle tendait à faire pénétrer la pensée divine par l’intelligence humaine, science très noble, très haute, aujourd’hui lamentablement déchue.
On confond très souvent ces deux choses différentes : la divination et la magie. Ce sont deux soeurs, si l’on veut, rien de plus, Chacune garde son caractère. Par la magie, l’homme sollicite, non plus l’intelligence, mais la puissance divine.
Distinction essentielle, la divination laisse place à l’activité et à la volonté humaines , la magie supprime l’une et l’autre, et les remplace par l’intervention surnaturelle.
Mais les deux sciences occultes emploient des recettes et des formules pour se rendre la divinité propice, pour amener les puissances supérieures à révêler les mystères et les desseins cachés à jouer un rôle déterminant dans les affaires humaines, ce qui fait de la divination une branche de la magie. Aussi la plupart des devins de la Grèce et de Rome ne furent pas, seulement les pontifes d’un culte religieux, ils furent des magiciens.
Ceci arriva lorsque l’idée religieuse, si forte aux premiers âges, se fut affaiblie, dispersée sur cette multitude de divinités qui remplaçaient la haute et unique personnalité à laquelle allaient les premiers hommages, il fallut multiplier les recettes pour capter la bienveillance de cette légion de dieux, de déesses, de demi-dieux, ordinairement, occupés dans leur Olympe à se chamailler, à se battre et auxquels il ne restait guère de temps pour s’occuper des humains.