L’affaire des poisons, une incroyable histoire mêlant religion, sortilèges et obscurantisme

Entre religion, sortilèges et obscurantisme la passionnante affaire des poisons a marqué la fin du XVIIè siècle

En cette fin du XVIIè siècle le monde est empreint de religiosité, on croit en Dieu et on craint Satan. Toute sorte de charlatans et devins en profitent pour gagner de l’argent avec la curiosité des crédules, en leur prédisant l’avenir ou en leur faisant voir le diable à l’occasion de messes noires.

« L’ancienne habitude de consulter les devins, de faire tirer son horoscope, de chercher des secrets pour se faire aimer, subsistait encore parmi le peuple et même chez les premiers du royaume » écrit Voltaire dans son ouvrage “Le Siècle de Louis XIV” (1751).

Faux abbés ou même vrais prêtres sont passés experts en magie noire, ensorcellements et maléfices afin de satisfaire leurs nombreux clients. Dans ce climat, les dérapages ne sont pas loin.

L’affaire des poisons est une affaire incroyable dans laquelle il est question de “poudres de succession”, “philtres d’amour” et autres élixirs inconnus.

Le procès concernera plus de 400 accusés, dont de hauts personnages de la cour de Louis XIV, et une chambre spécialement créée par le Roi pour les juger.

L’affaire

Le 31 juillet 1672, Jean-Baptiste Godin de Saint-Croix est retrouvé mort à son domicile. Il s’agit d’une mort naturelle mais diverses fioles et une cassette sont retrouvées lors de La marquise de Brinvilliersl’inventaire après décès. Cette cassette contient neuf lettres de sa maîtresse, la marquise de Brinvilliers, au contenu plus que sulfureux : elle y affirme avoir empoisonné son père, Dreux d’Aubray,lieutenant civil du Châtelet de Paris, en 1666 ainsi que ses deux frères, respectivement lieutenant civil du Châtelet et conseiller au Parlement de Paris, en 1670.

La cassette renferme également une reconnaissance de dette de Godin de Sainte Croix envers Louis Reich de Pennautier, receveur général du clergé, autrement dit grand argentier de l’Eglise de France, et ami de Colbert. Le contenu des fioles est analysé par un apothicaire, il s’agit de poisons virulents laissant peu de traces dans l’organisme.

Entre temps, la marquise de Brinvilliers a eu vent de la découverte de la cassette et s’est enfuie à Londres.

L’affaire est dès le départ suivie de très près au plus haut sommet de l’Etat, les personnages cités étant des personnalités importantes. Louvois, ministre de la Guerre de Louis XIV, ne tarde pas à s’intéresser à l’affaire et ordonne à son lieutenant général de police, Nicolas de La Reynie, de tout faire pour arrêter la marquise en fuite à l’étranger. Ce dernier se voit attribuer les pleins pouvoirs pour mener l’enquête. En effet, Louvois souhaite que le lien soit fait entre la fugitive et Pennautier afin d’impliquer son grand rival Colbert, principal ministre du Roi Soleil.

Malgré les moyens déployés, la marquise de Brinvilliers reste introuvable. Elle est donc condamnée à mort par contumace en 1673. La trace de la fuyarde est finalement retrouvée quatre ans plus tard dans un couvent aux Pays-Bas.

Son arrestation rocambolesque a lieu le 25 mars 1676 par la ruse d’un agent de la La Brinvilliers passée à la question par l’eauReynie déguisé en prêtre.

Elle est extradée et son procès devant le Parlement de Paris débute le 29 avril. Les juges répugnent à livrer au public les détails sordides de ses crimes perpétrés dans leur société même. Ils vont cependant se concentrer sur ses liens avec Pennautier, ce qui vaudra à ce dernier d’être accusé et emprisonné.

La Brinvilliers, passée à la question par l’eau, ne cessera jamais d’affirmer l’innocence du haut personnage.

Faute de preuve, Pennautier est libéré. La marquise de Brinvilliers est quant à elle emmenée place de Grève le 17 juillet pour y être décapitée à l’épée.

Son cadavre est aussitôt brûlé sur un bûcher et ses cendres dispersées au vent.

 

 

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